Quand la chaleur vient du sous-sol
Plusieurs centrales géothermiques sont sur le point de couvrir le territoire alsacien, donnant à la géothermie profonde un essor industriel. Celui-ci trouve ses sources (chaudes) dans les années 1960. Jean Goguel [photo], ingénieur général des Mines, ancien directeur du service de la carte géologique, est le premier à s’intéresser en France à la possibilité d’utiliser la chaleur contenue dans les roches peu perméables profondes de notre territoire. Il en jette les bases en 1953 à son retour d’un voyage en Algérie aux sources chaudes d’Hammam Meskhoutine. L’homme, aujourd’hui qualifié de "père de la géothermie française", est à l’origine de travaux d’exploration en Guadeloupe sous l’égide du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), dont il est l’un des fondateurs.
Les premières recherches se porteront sur la commune de Bouillante, à 15 kilomètres du volcan de la Soufrière, connue pour ses sources appelées "Fontaines-Bouillantes". Le géologue incite aussi le BRGM à prospecter en métropole, notamment dans le nord de l’Alsace. Il faudra plus d’une vingtaine d’années pour que les deux projets aboutissent. À Bouillante, EDF met en service une première unité de production en 1986. Et en Alsace, un projet franco-allemand, voit le jour à Soultz-sous-Forêts, dans le Bas-Rhin, en 1987, avec des technologies de géothermie sur roches sèches importées des États-Unis. Les deux unités font figure de grandes sœurs pour les usines qui s’apprêtent à pousser.
Patrick Déniel